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Le Cahier d'Edgar
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1 novembre 2022

Charles Villepou, la Proie. Chap 27.2

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    Jessie songeait à Charles Villepou, Villepou le père... 

     Elle avait bien perçu un malaise entre Arlette et lui depuis qu'elle fréquentait les Villepou. La Arlette était une psycho-rigide, sans doute un peu bornée et comme Charles n'aimait pas les histoires encore moins devant les tiers, bien que le peu de fois où elle l'avait vu réagir sa répartie fut d'une cruauté sans appel recadrant Arlette qui en rougissait de honte et de rage tant elle savait la vérité de ce qu'il lui assenait. 

   T'inquiéte Charles ! toi d'abord, excuses, mais après c'est elle qui passera à la casserole, je te vengerai… maugréa Jessie. Nous jouirons d'abord.


     Charles Villepou avait ses habitudes. Tous les jours il prenait un apéritif à midi et demi à la brasserie du centre-bourg de Rézé-les-Nantes située à quelques six cents mètres de son lieu de travail, à l’enseigne: " Le Café Rouge " au grand dam d’Arlette qui n’admettait pas cette privauté qui lui rongeait l’estomac. Elle ne supportait pas qu'il prît hors de chez eux et tous les jours l'apéritif et l'imaginait susceptible de devenir un alcoolique mondain. N'avait-il pas souvent des montées de rougeurs au visage, signe caractéristique selon elle d'un abus d'alcool... Rentre à la maison plutôt que de manger à ta cantine et tu y prendras ton apéritif. Tu as calculé ce que tu nous coûtes par semaine en apéritifs ! … et ton personnel devant lequel tu as une tenue, une responsabilité à préserver, une réputation à soutenir, qu'en pense t-il !. " Rassure-toi chérie, quand je prends mon apéritif je ne roule pas sous la table en sortant " lui avait-il dit. Elle avait failli le gifler.

   Charles Villepou n’avait rien d’un alcoolique mondain, certes il prenait son apéritif tous les jours, mais ne buvait qu'un quart de rouge au déjeuner lorsqu'il prenait ses repas à l'extérieur. Chez lui il ne buvait que de l'eau ne s'accordant sous contrôle d'Arlette Villepou qu'un apéritif les samedis et dimanches midi.

    Il buvait son apéritif tous les jours et à l'extérieur parce c'était sa manière d'affirmer une forme d'autonomie et de régler pacifiquement ses comptes avec Arlette. Elle était obstinément obtuse, le réprimant pour tout, le dépréciant aux yeux de la famille, le maudissant parce qu’il n’était capable ni de plomberie, ni d'électricité, ni de maçonnerie, ni de menuiserie, ni de peinture comme son père à elle. Et prétextant qu’il serait inapte à manier un outil, elle se refusait à lui en acheter.

     La vérité était qu'elle était aussi pingre qu'une cohorte de pingouins, ainsi elle se refusait à faire venir des artisans et quand la nécessité faisait loi elle s'évertuait à faire appel à la connaissance d'une connaissance travaillant au noir, et la maison se dégradait et Charles le voyait et ne le supportait pas. Dans la cave en terre battue, le salpêtre des murs gonflés par l’humidité se désagrégeait, tombait, l’électricité n’était pas aux normes, ça grésillait dans les interrupteurs. Les peintures des porte-fenêtres avaient disparu après des années d'intempéries, laissant apparaître le gris du bois qui commençait à pourrir, les volets rouillés se dégondaient.

   Elle ne voyait rien, ne voulait rien entendre, et lorsque Charles abordait le sujet elle entrait la tête dans les épaules, se bouchait les oreilles, et changeait de pièces en courant. Elle avait décidé une fois pour toutes que la maison était " très bien comme ça. "

   Alors il avait sa manière à lui de lui faire payer la facture des déprédations morales et psychiques qu’il estimait subir. Quant à être un alcoolique mondain il en était loin et savait le lui dire avec colère quand les reproches lui pesaient trop, que son père à elle avait été durant toute une époque de sa vie un véritable alcoolique.

   C'est ainsi que Charles Villepou avançait dans sa vie s'écorchant aux rocailles de son quotidien de couple, qu'avaient adouci jusqu'alors l'éducation et la réussite de Sébastien.

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Feuilleton. JESSIE. Chap 27.2 Charles Villepou, la Proie

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